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Le retour en force des consignes automatiques

Des jouets chez Picwic, de l’électroménager chez Darty ou à la Fnac, des équipements sportifs chez Decathlon et, bientôt, des repas froids chez Flunch ! La consigne automatique fait son grand retour en France, boostée par l’e-commerce. « Le consommateur est tout sauf exclusif : il navigue entre livraison à domicile et retrait en magasin. La consigne automatique vient ajouter un canal de distribution qui lui donne beaucoup de liberté, ne le bloque pas chez lui à attendre une livraison », estime Marc Lolivier, délégué général de la  Fédération des entreprises de vente à distance (Fevad). Le principe est le même partout : le client commande, paie en ligne et reçoit sur son mail ou son smartphone un code ou un QR Code lui permettant d’ouvrir le casier.

Jusqu’à présent, ce retour en force du casier s’opérait essentiellement dans les lieux publics. Pionnière, La Poste en a implanté dès 2014 en joint-venture avec Neopost Shipping. Les 338 casiers sont pour l’essentiel situés en dehors de ses bureaux, permettant une récupération hors des horaires d’ouverture de La Poste et sur les trajets domicile travail. La gare est un lieu privilégié. Amazon l’a bien compris, qui après avoir installé 600 « lockers » jaune et noirs dans des centres commerciaux, des supermarchés, des universités ou stations-service, a signé en juin un accord avec Gares et connexions visant 980 gares françaises d’ici à cinq ans.

Consignes en boutique

Depuis peu, les enseignes développent aussi des consignes dans leur boutique. « Nous constatons une demande croissante des clients du retail en raison des bénéfices en termes de gain de temps ou d’espace ou de satisfaction client », note Neopost Shipping, qui a aussi développé un logiciel et 500 consignes Packcity pour des enseignes comme la Fnac, Darty, Decathlon, Auchan ou Undiz.

FNAC Darty, qui a déjà équipé 13 Darty et 18 Fnac – 200 casiers de trois tailles, du tiroir à CD au casier pour les aspirateurs -, a ainsi constaté que « de 10 à 20 % des clients qui ont choisi les casiers rebondissent en magasin », selon Benoît Jaubert, directeur de l’exploitation du groupe. L’enseigne équipera 30 autres magasins d’ici à fin 2019. « Certains magasins Fnac parisiens ont rempli systématiquement tous leurs casiers chaque matin et deux fois par jour sur le pic de fin d’année en 2017 », ajoute-t-il.

Même la restauration teste ce système, puisque Flunch va installer d’ici à la fin de l’année à Villeneuve-d’Ascq un meuble de 32 casiers pour des repas froids livrés par service traiteur. « Notre but est de pouvoir proposer cela aux entreprises pour leurs réunions ou leurs salariés pour le déjeuner, voire pour emporter leur repas du soir chez eux », explique Yoann Barthalay, responsable innovation et transformation chez Flunch (groupe Agapes). La société a un service click and collect dans ses restaurants, mais « les gens arrivent en plein boom ou alors ont du mal à se garer », ajoute-t-il.

Kern voit les demandes s’accélérer

La consigne va-t-elle transformer l’essai ? Outre les tailles des casiers et le retrait via un smartphone, de nombreuses innovations sont sans doute encore à imaginer – pour installer d’autres produits ou renforcer la sécurité. Les fabricants se frottent les mains. Kern France, qui développe ce type de solution, voit les demandes s’accélérer.

La France est encore en retard par rapport aux pays nordiques ou aux Etats-Unis. Selon la Fevad, la livraison n’était utilisée en 2017 que par 12 % des internautes, mais 19 % l’envisagaient en 2018. « Ce système encore naissant en France doit surtout trouver le modèle économique », estime Marc Lolivier.  Picwic a déjà fait les calculs et espère un retour sur investissement dès la première saison de Noël.


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