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Le pétrole a encore de beaux jours devant lui

Le pic de la demande de pétrole n’est toujours pas en vue, mettant en péril l’atteinte des objectifs fixés par l’Accord de Paris. La consommation mondiale d’or noir va continuer à progresser au rythme d’un million de barils par jour supplémentaires par an jusqu’en 2025, prévoit le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié ce mardi. La demande mondiale actuelle est d’environ 95 millions de barils. La progression ralentirait ensuite nettement, à 250.000 barils-jour par an à l’horizon 2040.

Ces prévisions sont légèrement supérieures à ce que prévoyait l’an dernier l’Agence, qui tient compte en particulier de l’ assouplissement des normes d’émission de carbone pour les constructeurs automobiles américains annoncée par Donald Trump .

L’intégralité de la croissance viendra des pays émergents. En Europe, en Amérique du Nord, au Japon, la demande va reculer. La Chine va devancer les Etats-Unis, devenant le premier consommateur de brut du monde. Elle deviendra aussi le plus gros importateur de l’histoire, achetant jusqu’à 13 millions de barils par jour en 2040 selon les prévisions de l’AIE.

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L’Inde, première source de croissance

La plus grande réserve de croissance sera l’Inde, dont la demande en énergie (toutes sources confondues), va doubler au cours des vingt prochaines années. Autour de 2030, l’Inde – comme le Moyen-Orient d’ailleurs – consommera plus de pétrole que l’Union européenne.

La transition énergétique est pourtant en marche. Les voitures particulières consomment toujours moins de carburant et le parc de véhicules électriques va progresser, y compris dans les pays émergents. L’AIE prévoit que le pic de consommation de pétrole pour l’automobile sera atteint dès 2025 grâce à une forte baisse en Amérique du Nord et en Europe.

La voiture représente moins du quart de la consommation

Mais les véhicules particuliers représentent moins du quart de la consommation de brut. La demande continuera à augmenter pour les camions, les avions, le transport maritime ou encore  la pétrochimie, portée par la demande de plastique . Ces quatre secteurs absorberont près de la moitié (48 %) du brut en 2040, contre 41 % aujourd’hui.

Face à cette soif de pétrole, l’AIE, qui représente les pays consommateurs de l’OCDE, s’inquiète d’une production qu’elle juge insuffisante. Si les décisions d’investissement des compagnies pétrolières restent ce qu’elles sont, la production de pétrole conventionnel va fortement baisser dès le début de la prochaine décennie, estime-t-elle, en raison du recul « naturel » du rendement des champs qui sont déjà exploités.

Le schiste américain ne suffira pas

Le boom du pétrole de schiste aux Etats-Unis compensera une partie du déficit : l’Agence prévoit une production plus que doublée d’ici à 2025. Mais cet essor serait de courte durée, atteignant un plateau au milieu de la prochaine décennie et reculant dans les années 2030. Pour faire face à la demande, il faudrait 10 millions de barils par jour de pétrole de schiste américain supplémentaire en 2025, soit l’équivalent de la production de la Russie !

Si l’AIE n’écarte pas totalement un tel scénario, elle rappelle qu’il s’agirait d’une « prouesse sans précédent ». Elle appelle donc les compagnies pétrolières à revoir leurs projets d’investissement à la hausse, sans quoi de « fortes tensions » sur les prix sont à prévoir dès le début de la prochaine décennie.

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