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Brexit : le coût des traders en nette baisse à Paris

« Le vrai sujet, ce sont les charges sociales patronales – les charges qui pèsent sur le salarié n’intéressent pas Wall Street – et, dans ce domaine, la France a un gros handicap face à Francfort ». C’était en février 2017, René Proglio, le patron en France de la firme américaine Morgan Stanley à Paris,  lançait l’alerte aux côtés de concurrents étrangers, devant les sénateurs de la Commission des Finances. Bilan moins de deux ans plus tard ?

Sur un salaire de 100.000 euros brut par an, la baisse totale des charges, hors impôts, atteint au total 36 %, et 30 % pour les seules charges payées par l’employeur. Malgré des charges sociales patronales trois fois plus élevées qu’en Allemagne, l’écart tout compris se limite à 16.000 euros. Et environ 3.000 financiers sont déjà attendus de Londres à Paris, hors banques françaises, et tous secteurs confondus, d’après les derniers chiffres d’Europlace.

Après les traders, séduire les banquiers

Ces derniers mois, Paris a multiplié les mesures : réduction de la surtaxe sur les salaires dans les banques de 20 % à 13,6 %, exonération de la taxe sur les salaires à hauteur de 30 % de la rémunération liée à l’impatriation, et surtout dispense temporaire d’affiliation au régime de retraite dont profitent employeurs et salariés.  C’est cette disposition , qui entrera en vigueur au 1er janvier 2019, qui fait la différence, clament tant les banques que l’administration. Et  d’autres vont être mises en oeuvre« Nous restons encore plus chers que l’Allemagne, mais l’écart se réduit très significativement », se félicite Bercy.

De fait, au-delà de 100.000 euros par an, l’Allemagne reste hors classe. Les employeurs y profitent d’un plafond fixe de 12.744 euros de charges patronales et de 13.449 euros de charges salariales par an – quel que soit le salaire. Ainsi pour un salaire brut de 250.000 euros, les coûts à la charge de l’employeur seront 57.000 euros plus élevés à Paris qu’à Francfort.

« Paris a d’autres atouts qui permettent de justifier un léger différentiel », estime le ministèreAprès les traders, Bercy dit vouloir convaincre par ces réductions de charges les « corporate bankers », les banquiers en relation avec les grandes entreprises : « nous avons d’abord concentré nos efforts de charges sur les activités de marché, car Paris est assez instinctivement plus compétitif par son écosystème financier et ses profils très qualifiés », dit-on au ministère. Les traders ont néanmoins, plus de marges de manoeuvre individuelle face à leur employeur, explique le ministère. S’ils sont insatisfaits par le lieu de relocalisation, ils passent à la concurrence et partent.

Nouvelles recettes fiscales

Ainsi, « en réduisant l’écart de coûts avec l’Allemagne, on peut désormais viser la relocalisation de nouvelles activités, notamment celles traditionnelles pour lesquelles les salariés disposent de moins de marge de manoeuvre dans le choix de relocalisation et suivent souvent leur poste transféré », ajoute Bercy.

Toutes ces mesures ont un coût final, pas forcément aisé à afficher au moment où la hausse des taxes sur le carburant suscite la grogne. « A compter de plusieurs centaines d’impatriés, les recettes fiscales apportées par ces nouvelles activités et salariés (TVA, impôt sur les sociétés, taxes foncières notamment) sont très largement profitables aux finances publiques », déclare Bercy.

VIDEO. Jean Raby (Natixis IM) : « Le Brexit, ce sera du lose-lose » (12 novembre 2018)


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