Economie

Ces pays où les pénuries alimentaires se multiplient

Les autorités et les détaillants du Kazakhstan s’inquiètent d’une ruée sur les achats de denrées alimentaires et d’une hausse des prix en raison des restrictions décidées par la Russie sur ses exportations de céréales pour limiter les effets des sanctions décrétées à son encontre.

Les cinq pays d’Asie centrale, très dépendants des importations de Russie, ont déjà vu leurs monnaies s’effondrer dans la foulée du rouble, affecté par les sanctions occidentales infligées contre Moscou après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Au Kazakhstan, le dernier symptôme en date de la contagion de cette crise est la hausse de la demande en sucre: à Almaty, ville la plus riche du pays, un journaliste de l’AFP a vu samedi des clients se ruer dans un supermarché appartenant à la première chaîne du pays, Magnum, et en ressortir avec des sacs de sucre de 5 kg. Dmitri Chichkine, porte-parole de la chaîne, a indiqué mercredi à l’AFP que les supermarchés ne disposaient actuellement pas de stocks de sucre et qu’ils étaient en train de réfléchir à de nouvelles voies d’approvisionnement.

Dans les magasins plus petits, le prix du sucre a presque doublé. M. Chichkine s’attend à un « bond significatif » des prix du sucre quand Magnum sera capable d’en vendre de nouveau. « D’habitude, nous avons des stocks de sucre pour une semaine. Ca a été écoulé en deux jours seulement », a-t-il commenté.

Le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a averti mercredi dans un discours à la nation que les prix alimentaires risquaient d’atteindre des « records absolus » en raison des événements en Ukraine et a insisté sur l’importance de la campagne de semis de printemps pour assurer la sécurité alimentaire du pays. Les pays d’Asie centrale ont souffert l’an dernier des pires sécheresses depuis leur indépendance il y a trois décennies, qui ont affecté les récoltes et provoqué une hécatombe dans le bétail.

La Russie a annoncé mercredi introduire une interdiction temporaire d’exportation de céréales et de sucre vers les pays de l’Union économique eurasiatique, alliance économique réunissant cinq des ex-républiques soviétiques: Russie, Kazakhstan, Bélarus, Arménie, Kirghizstan.

Les restrictions sur les céréales resteront en vigueur jusqu’au 30 juin et celles sur le sucre jusqu’au 31 août 2022, a indiqué le gouvernement russe, précisant que cette décision est prise « pour protéger le marché alimentaire intérieur face aux restrictions extérieures ».

Au Congo, tous les prix augmentent

Farine de maïs, riz, sucre, huile, tomates, bière… tout augmente. Les ménages congolais, dont les trois quarts vivent sous le seuil de pauvreté, s’inquiètent des conséquences économiques de la guerre menée par la Russie en Ukraine. A Bukavu, dans une des provinces de l’est de la République démocratique du Congo affectées depuis plus de 25 ans par les violences de groupes armés, la crainte d’une crise sociale dévastatrice s’ajoute aux problèmes d’insécurité.

Janvier Mizo Kabare, président de la Ligue des consommateurs des services au Congo-Kinshasa (Licoski), assure avoir alerté « les autorités de la flambée vertigineuse des prix des denrées sur les marchés de Bukavu », source de « grand malaise social ». Les prix augmentent « tous les jours ». « Que les autorités voient ce qu’elles peuvent faire, sinon nous allons mourir de faim! », lance Pascaline Buhume, vendeuse de produits alimentaires. Sur les marchés Feu rouge et Nyawera du chef-lieu du Sud-Kivu, un sac de sucre de 50 kg qui coûtait 43 dollars se négocie à 60 dollars aujourd’hui, se désole-t-elle.

Un bidon d’huile de 20 litres est passé de 30 à 45 dollars, un sac de riz de 25 kg de 18 à 25 dollars. « Un pain qui coûtait 1.000 francs congolais (0,5 dollar) revient à 1.200 FC (1,6 dollar) », s’alarme aussi Madame Aimée, la trentaine, mère de cinq enfants. Et une bouteille de bière Primus qui valait 2.500 francs (1,25 dollar) peut monter à 3.000 (1,5 dollar).