Ile-de-France

Un ensemble de pratiques pour lisser les pointes dans les transports

Avec 68 % des emplois concentrés sur 6 % du territoire, l’Ile-de-France voit chaque jour un flux massif de voyageurs rejoindre le territoire, principalement le centre. Un « phénomène de migration assez important », selon Sylvie Charles, directrice de Transilien SNCF, qui en fait le second réseau de mass transit au monde derrière Tokyo. Une situation qui se traduisait, avant la crise sanitaire, par une surfréquentation de plusieurs lignes.

Le réseau de transport francilien est le second réseau de mass transit au monde. © V. Pedoussat

« Notre souhait est d’offrir des conditions de transport agréables mais, compte-tenu du fait que ces déplacements se font à des périodes très limitées, notamment le matin, il nous est difficile de les offrir partout », remarquait Sylvie Charles lors du webinaire du 8 juillet. Or si le télétravail va permettre de réduire un peu le niveau de ces pointes, la responsable avance aussi l’intérêt de travailler avec les entreprises sur le lissage des horaires.

Travailler collectivement

« Les opérateurs, dans ce contexte, peuvent apporter leur pierre à l’édifice, mais ne peuvent pas tout faire, estime la directrice de Transilien SNCF. Les directeurs des ressources humaines ont un rôle clé et les managers ont aussi un rôle à jouer. » « Il faut travailler collectivement, opérateurs et employeurs, a complété Eric Chareyron, directeur prospective, modes de vie et mobilité dans les territoires de Keolis. Il faut notamment pouvoir compter dans les transports sur l’heure avant et après la pointe. »

Il a fait valoir que les enquêtes menées ont rapporté que 40 à 50 % des salariés font remonter que leurs entreprises ont accepté des aménagements des horaires. « Il y a des gens qui sont prêts à accepter des horaires atypiques car cela les arrange dans leur organisation », a-t-il observé.

Problème culturel

A ce sujet, les contraintes liées à l’école ont été balayées par Sylvie Charles : tout le monde n’a pas d’enfant et les enquêtes menées relèvent que les contraintes personnelles n’arrivent qu’en sixième place comme frein au télétravail. Il s’agirait avant tout d’un problème culturel. « Les habitudes sont difficiles à changer, mais on a tous connu une période propice au changement d’habitude, il faut en profiter, a considéré Eric Chareyron. Peut-être que de nouvelles normes peuvent se créer. »

Sylvie Charles, directrice générale de Transilien. © Transilien

20 000 accords de télétravail ont ainsi été conclus l’an dernier, a souligné Laurence Breton Kueny, directrice des ressources humaines du groupe Afnor et vice-présidente de l’ANDRH. L’ANDRH préconise de ne pas aller au-delà deux jours de télétravail par semaine, avec un équilibre à trouver entre la nécessité de répartir les présences sur la semaine et que les équipes se voient.

50 % des salariés ne peuvent pas télétravailler

« L’affluence le mardi et le jeudi pose des problèmes d’organisation et de restauration », signale Laurence Raison, directrice des ressources humaines à la direction régionale Ile-de-France de la Société générale. Dans cet établissement bancaire, l’accord de 2016 sur le télétravail a été élargi l’an passé à deux jours par semaine et à de nouveaux salariés, notamment ceux en agence, dans l’objectif de « veiller au bien être » des équipes et de « contribuer à lisser les besoins de déplacement ».

Toutefois, 50 % des salariés ne peuvent pas télétravailler. « Pour certaines entreprises industrielles de grande couronne, les salariés arrivent très tôt et viennent en voiture car il n’y a pas encore de transport en commun », a noté Yves Laqueille, directeur général du GIM (Groupe des industries métallurgiques).

Levier pour attirer les talents

Le télétravail n’est, dans tous les cas, pas vu comme une solution idéale, puisqu’il pose différentes difficultés en termes d’espace au domicile pour le pratiquer, de risques psychosociaux ou d’hyperconnectivité, a observé Laurence Breton Kueny. Mais il reste un levier pour attirer les talents. « Avec les aspirations des jeunes générations et les difficultés de recrutement, il est nécessaire de travailler sur les nouvelles pratiques managériales », a remarqué Laurence Raison.

« On ne cherche pas des règles générales, ni à imposer quoi que ce soit, a précisé Sylvie Charles, c’est toute une série de pratiques qui sont à encourager et, pour cela, il y a besoin d’une prise de conscience collective. » Pour Laurence Breton Kueny, une « nouvelle normalité va s’instaurer » avec le télétravail, le recours aux tiers-lieux, la réduction des mètres carrés de bureaux et la réorganisation vers plus d’espaces collectifs. Le développement du flex office viendra notamment apporter des limites aux possibilités d’accueil.

« La crise accélère les transformations », a confirmé Yves Laqueille, qui estime qu’il « faudra prendre du recul pour prendre les bonnes décisions ». « On a une responsabilité collective de tirer du positif de cette période pénible », a conclut Sylvie Charles.

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Author: Raphaël Richard