High-TechTek

Pour le retour de Netflix à Paris, Reed Hastings se confie

Le géant du streaming s’apprête à rouvrir un bureau à Paris, après une absence du sol français durant deux ans. Cette antenne, qui sera inaugurée en 2019 à Paris ou en région parisienne, devrait compter une vingtaine de personnes. Après le siège européen à Amsterdam et un bureau à Londres, ce sera la troisième présence européenne du producteur de séries. Le géant aux 130 millions d’abonnés dans le monde a par ailleurs annoncé vouloir investir dans l’acquisition de trois films, un documentaire signé Stéphane de Freitas et la production de nouvelles séries françaises.

Celles-ci s’ajouteront à Osmosis, dont Le Point a assisté au tournage à Noisy-le-Grand. Dans cette série d’anticipation de huit épisodes, produite par Aude Albano et Claude Chelli, une technologie permet de trouver l’âme sœur. Parmi les autres séries que l’entreprise californienne souhaite tourner en France, figure Family Business, une fiction où un jeune homme, voulant sauver le commerce familial, transforme une boucherie en coffee shop. Également au programme, Marianne, une série d’horreur psychologique écrite par Samuel Bodin et Quoc Dang Tran, ou encore une série adaptée du livre Vampires de Thierry Jonquet. Parmi les films annoncés figure Banlieusards, qui raconte l’histoire de Noumouké, 15 ans, où vont jouerBakary Diombera, Jammeh Diangana et Kery James, ou encore La Grande Classe écrit et réalisé par Rémy Four et Julien War, ou encore Paris est une fête où joueront Noémie Schmidt, Grégoire Isvarine et Lou Castel. Le Point.fr en a profité pour demander à Reed Hastings, de passage à Paris ce 27 septembre, où en était le site de streaming qui a dégagé 11,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires l’an passé.

« Netflix a encore de la marge de progression »

Que pense-t-il de la France alors qu’il avait retiré son bureau il y a deux ans ? « Les Français ont inventé le cinéma. Par contre, je respecte la chronologie du cinéma, même si j’ai du mal à la comprendre. Prenez le film français Divines, nous en avons acheté les droits il y a deux ans, mais les Français sont les seuls au monde à ne pas pouvoir encore en profiter, car nous devons attendre trois ans avant de pouvoir la diffuser sur le sol français. » Est-il content de la série Marseille  ? « Cela a bien marché, même si la fiction n’a pas eu autant de succès que Casa de papel.  » Et a-t-il des coups de cœur ? « J’aime beaucoup l’humour de Gad Elmaleh et de Dany Boon. »

Quid de la croissance de Netflix ? « Nous gagnons chaque année 5 millions de nouveaux membres aux États-Unis. » Bientôt un palier ? « Je n’aime pas cette notion de palier. Aujourd’hui, 130 millions de personnes utilisent nos services, 2 milliards de personnes utilisent Facebook. Il y a encore de la marge de progression ! » Au détriment de qui ? « Nous continuons de progresser alors que le nombre de places de cinéma vendues aux États-Unis, lui, ne baisse pas. Netflix ne détruit rien », poursuit Reed Hastings, qui précise que l’algorithme de recommandation jouait un rôle dans 80 % des choix de ses abonnés.

« Xavier Niel est parfois dur en affaires. Mais j’aime passer du temps avec lui. »

Netflix produira-t-elle un jour des séries en réalité virtuelle ? « Cela ne nous intéresse pas tant que ce n’est pas une tendance grand public. Lorsqu’il y aura 20 millions de personnes en France qui regarderont de la réalité virtuelle, eh bien, nous réfléchirons », a expliqué le créateur de Netflix. Ce dernier n’est pas non plus tenté par les scénarios boostés à l’intelligence artificielle. « Nous préférons les scénarios écrits à 100 % par des humains », a plaisanté le quinquagénaire passionné d’éducation, qui, en 2014, avait visité l’école 42 à Paris. Ce rappel lui a permis de préciser qu’il avait de très bons rapports avec Xavier Niel, le créateur de l’école de code comme de Free, qui souhaitait un moment voir Netflix participer au paiement de la bande passante. « Xavier Niel est parfois dur en affaires. Mais j’aime passer du temps avec lui. Et cela ne nous empêche pas de nous retrouver autour d’un bon verre de vin. Mais attention, c’est toujours du vin français ! »

Lire aussi Reed Hastings : « Je souhaite que Free remporte T-Mobile »

Quid de la concurrence à venir de Salto, le nouveau service de streaming que s’apprête à lancer France Télévisions ? « Je leur souhaite de bien s’accrocher. Mais je suis toujours content de l’arrivée de la concurrence, ils contribuent au changement des habitudes, au même titre que Disney et Apple qui devraient bientôt se lancer en dehors des États-Unis. » Rien ne semble donc pouvoir stopper la progression de Netflix. « Nous avons dépensé 8 milliards de dollars dans la production cette année. Nous allons en dépenser encore davantage l’an prochain », explique ainsi Reed Hastings, qui précise que la fiction filmée en 4K fait aussi partie de ses priorités, tout comme l’immersion promise par le son Dolby Atmos.


Continuer à lire sur le site d’origine