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Ca se passe en Europe : l’Italie importe 80 % du poisson qu’elle consomme

S’ils pouvaient parler, les poissons dans les assiettes italiennes ne s’exprimeraient pas dans la langue de Dante. Quelque 80 % d’entre eux sont en effet importés. Un paradoxe pour une péninsule dont les habitants sont fiers et gourmands de leurs spécialités marines. Il faut dire qu’en 25 ans, sa flotte de chalutiers est passée de 18.000 à 12.500 embarcations, et qu’elle a perdu 18.000 pêcheurs. Et, en même temps, la consommation de poissons a augmenté pour atteindre aujourd’hui près de 30 kg par habitant.

Malgré ses 8.000 km de côtes et sa tradition maritime pluriséculaire, l’Italie n’arrive pas à satisfaire cette demande. Elle extrait des mers 180.000 tonnes de poissons par an, quand elle importe plus d’un million de tonnes – en comptant les produits surgelés et les poissons séchés. En 1993, ce chiffre n’était que de 582.000 tonnes. Sur le podium de ses fournisseurs, on trouve l’Espagne, les Pays-Bas et la Grèce. Les pays hors UE fournissent 40 % du total.

Absence d’information aux consommateurs

La Coldiretti, principal syndicat agricole italien, s’alarme de cette situation. Elle pointe du doigt l’absence d’information pour les consommateurs. La moitié du poisson consommé est vendue dans les restaurants qui, à l’inverse des poissonneries et des supermarchés, ne sont pas soumis à l’obligation d’indiquer la provenance.

« Il faut une étiquette pour indiquer l’origine, y compris sur les menus, avec une véritable carte d’identité du poisson », demande la Coldiretti, qui met en garde contre les contrefaçons. Le panga du Mékong est vendu comme mérou, le poulpe du Vietnam est présenté comme italien et l’espadon consommé est le plus souvent du requin-taupe.

Recours massif à l’importation

Les contrôles effectués en 2017 par les différentes capitaineries de la péninsule ont révélé au moins 13 % de fraudes à l’importation. Au total entre janvier 2017 et juin 2018, les carabiniers ont relevé, hors restauration, 27 % de « situations non conformes » et ont saisi 310.000 kg de produits. La fraude concerne également des poissons locaux : poisson congelé vendu comme poisson frais ou dans des conditions de conservation douteuses, par exemple.

Le recours massif à l’importation a plusieurs raisons : l’épuisement des ressources halieutiques à partir de la fin des années 1980 (70 % de celles de la Méditerranée sont en crise), la concurrence accrue des pays nord-africains et balkaniques, les quotas de pêche imposés par l’Europe. Pour remédier à cette situation, il existe plusieurs pistes : l’éducation du consommateur pour qu’il respecte les rythmes de la nature et n’achète pas toujours les mêmes espèces, mais surtout le développement de l’aquaculture.


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