A la Une

Coupe du monde de rugby 2022 : Joanna Grisez-Caroline Drouin, un duo de « septistes » guide le XV de France

Vous l’aurez peut-être remarqué, rarement pour ne pas dire jamais, vous n’entendrez une rugbywoman de cette équipe de France embrasser sa performance, aussi brillante soit-elle, sans saluer celle des coéquipières. Joanna Grisez n’a pas rompu la tradition au moment de revenir sur la sienne après le succès contre l’Italie, qui a qualifié les Bleues pour le dernier carré du Mondial, samedi 26 octobre. « Mon triplé signifie juste un très beau travail d’équipe », confiait simplement l’ailière.

Si la copie rendue par le groupe et l’investissement des 32 joueuses ont été salués par le sélectionneur Thomas Darracq à la fin de la rencontre, deux d’entre elles ont particulièrement pesé dans ce premier match couperet, Joanna Grisez donc, et la demi d’ouverture des Bleues, Caroline Drouin. Un duo au statut bien différent dans cette équipe, mais doté d’un vécu commun à 7, dont elles se nourrissent toutes deux.

Il y a d’abord l’expérimentée joueuse du Stade Rennais. Avec ses 28 sélections, la vice-capitaine des Bleues est l’une des taulières du XV de France depuis plusieurs saison désormais. Face à l’Italie, samedi, son quasi sans faute face aux perches (10 pts) et notamment les deux pénalités précieuses passées à la 44e et la 50e sont venues donner un peu d’air à une équipe qui ne parvenait pas à valider ses temps forts. « Caroline faisait partie de la dernière Coupe du monde à Dublin, elle est aussi vice-championne du Monde à 7. Du fait de toutes ses expériences à 7 comme à XV, elle sait parfaitement gérer ces matches éliminatoires », appuie l’ancienne internationale Marie Sempéré. De quoi éviter aux Bleues de perdre le fil.

« Son animation a fait la différence, elle trie bien les ballons. C’est vraiment la patronne derrière. »

Marie Sempéré, ancienne internationale

à franceinfo: sport

Outre un profond jeu au pied d’occupation, utilisé avec parcimonie, qui a permis de coincer les Italiennes dans leur camp, l’ouvreuse a surtout fait avancer son équipe balle en main. Elle a réalisé autant de relances que la meilleure joueuse du match, l’arrière Emilie Boulard (6), et est la troisième ayant parcouru le plus de mètres ballon en main derrière Emilie Boulard et… Joanna Grisez.

A l’opposée, l’ailière des Bleues, surprise de la liste pour ce Mondial, vit sa toute première expérience avec le XV de France. Avec 162 mètres avalés, la joueuse de 26 ans, qui fêtait seulement sa troisième sélection, a dévoré les espaces. Si un ballon directement envoyé en touche à la suite d’une mésentente avec Emilie Boulard sur une relance est venu rappeler que ces deux-là ont encore des automatismes à peaufiner, c’est sur une phase de jeu similaire, mais parfaitement orchestré, que la joueuse de Bobigny a planté le premier de ses trois essais.

« Joanna est là pour être une impact player parce qu’on connait ses qualités de vitesse et d’agressivité. Elle a fait une très grosse saison avec l’équipe France 7 féminin et aujourd’hui elle a montré toutes ses qualités de puncheuse et de vitesse pour marquer les essais. »

Thomas Darracq, sélectionneur du XV de France

en zone mixte après la rencontre

Ce triplé ajouté à l’essai qu’elle avait marqué contre l’Afrique du sud lors du match d’ouverture font d’elle la meilleure marqueuse tricolore (devant Boulard, deux essais). « Joanna s’est très bien intégrée au groupe. On aurait pu avoir des interrogations sur la qualité de son placement en couverture du fond de terrain qui est très différente du 7, mais elle ne se fait pas surprendre, précise Marie Sempéré. Au contraire, elle est très à l’aise sous les ballons hauts. Et en plus elle a réalisé des matchs très sérieux en défense. »

Des performances qui ne surprennent pas Marie Sempéré. « Elle sort d’une coupe du monde à 7 où elle a marqué les esprits. C’est quelqu’un qui avance tout le temps, qu’il y ait de l’espace ou non elle gagne toujours ses duels. Elle a une capacité incroyable à bonifier les ballons, c’est le facteur X de cette sélection. »

Cerise sur le gâteau, Drouin et Grisez transposent déjà leur « parfaite connexion » développée sur les terrains de rugby à 7 avec le XV de France. « On l’a vu notamment sur des jeux au pied de pression », appuie Marie Sempéré. Une connexion qui ne sera pas de trop pour espérer renverser les Black Ferns, chez elles le week-end prochain, et pour s’ouvrir la route vers une première finale mondiale.


Continuer à lire sur le site France Info