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La participation financière des salariés à leur CPF est « contraire à l’ambition macronienne de 2017 », selon l’ex-directeur de cabinet de Muriel Pénicaud

Dans un amendement à son projet de budget 2023, le gouvernement prévoit de faire participer financièrement les salariés à leur formation via le compte personnel de formation (CPF).

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Radio France

Publié le 11/12/2022 18:43

Temps de lecture : 2 min.

« C’est une erreur du gouvernement », estime dimanche 11 décembre sur franceinfo Antoine Foucher, qui fut directeur de cabinet de l’ex-ministre du Travail Muriel Pénicaud entre 2017 et 2020. Dans un amendement déposé samedi 10 décembre sur son projet de budget pour 2023 qu’il peut faire adopter via le 49.3, l’exécutif prévoit de faire participer financièrement les salariés à leur formation lorsqu’ils utilisent leur compte personnel de formation (CPF). « Faire des économies sur la formation alors que les compétences permettent aux individus de changer de société, c’est un choix politique. C’est totalement contraire à l’ambition macronienne de 2017. »

franceinfo : Comment interprétez-vous cet amendement de la majorité ?

Antoine Foucher : C’est une erreur du gouvernement. La loi de 2018 consistait à dire aux Français que nous devons tous changer régulièrement d’emploi et évoluer parce que les transitions énergétique et numérique rendent rapidement obsolète une partie de nos compétences. On a créé un nouveau droit facile d’accès qui permet à chacun de se former régulièrement. Là, on met des freins ! Depuis le 25 octobre déjà, il faut se créer une identité numérique obligatoire pour pouvoir accéder à votre CPF. Résultat, et c’était l’un des objectifs recherchés par le gouvernement, la demande de formation a reculé de 50 %.

Emmanuel Macron va-t-il à contre-courant de ce qu’il affirmait il y a cinq ans ?

Je n’en sais rien parce qu’il ne s’est pas prononcé à titre personnel sur le sujet. Mais en tout cas, cette action du gouvernement est bien contraire à l’ambition d’une société du travail, du mérite et des compétences par l’accès à la formation. Clairement. C’est totalement contraire à l’ambition macronienne de 2017.

Le système a-t-il été mal pensé, alors que le Cour des comptes alerte sur son coût de plus de 2 milliards d’euros ?

Non, je ne le pense pas. En France, nous sous-investissons collectivement dans la formation. Nous sommes le premier pays du monde sur les dépenses publiques, le premier sur les dépenses sociales, le troisième sur les retraites, mais sur les dépenses d’éducation et de formation, nous sommes treizième. Donc non, il n’y a pas de surinvestissement. Il faut même qu’on dépense plus en matière de formation puisqu’on est en train de rattraper notre retard. C’est un choix politique. Faire des économies sur la formation alors que les compétences permettent aux individus de changer de société, aux entreprises d’être plus performantes, à une nation de gagner la bataille de la mondialisation c’est un contre-sens total.


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