A la Une

Le jour où Michel Barnier prédit la démission de Benoît XVI

Le 7 février 2013, Michel Barnier est reçu en audience privée par Benoît XVI au Vatican. En sortant, il pressent ce qui va se passer…

Par

Temps de lecture : 2 min

Dans la longue et mouvementée histoire de la papauté, ils ne sont que dix à avoir renoncé à la tiare. Benoît XVI, qui vient de s’éteindre, est le dernier à avoir déclenché le canon 332 du Code du droit canonique : « S’il arrive que le pontife romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit. »

Cette démission n’était plus survenue depuis le 4 juillet 1415 quand Grégoire XII est contraint à la démission pour mettre fin au grand schisme. À l’époque, on avait abondance de papes puisqu’on en avait deux. Les deux ont successivement renoncé et une période de vacance s’ouvrit pendant deux ans. En tout cas, au fil des siècles, la renonciation tomba dans l’oubli.

À LIRE AUSSIDécès de Benoît XVI : « C’est un nouveau départ pour le pontificat de François »

« Est-ce qu’il se peut qu’il démissionne ? »

Et pourtant, Michel Barnier a été le premier à évoquer la renonciation de Benoît XVI. Le 7 février 2013, alors qu’il est commissaire européen, le Savoyard est reçu en audience privée par le pape Benoît XVI en compagnie d’Annegret Kramp-Karrenbauer, qui deviendra par la suite ministre de la Défense allemande et présidente de la CDU.

Ce jour-là, Michel Barnier sort du rendez-vous avec une drôle d’impression. Lors du déjeuner qui suit, à l’ambassade de France, il s’en ouvre aux cardinaux français et à l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, Bruno Joubert : « Le pape est fatigué. Est-ce qu’il se peut qu’il démissionne ? »

Stupeur autour de la table. La question relève presque du blasphème. On ne sait si les cardinaux se signent devant une telle audace. En tout cas, tout ce beau linge ecclésiastique se récrie et assure que c’est, évidemment, impossible. Quatre jours plus tard, Benoît XVI renonce à son pontificat après huit années d’exercice. « Ces derniers mois, j’ai senti que mes forces avaient diminué et j’ai demandé à Dieu de m’éclairer pour prendre la juste décision pour le bien de l’Église. Je vous remercie pour le respect et la compréhension », expliquait-il alors.

À LIRE AUSSIBernard Lecomte : « Benoît XVI n’avait pas peur de la vérité »

Incroyable instinct de Barnier qui s’est d’ailleurs vérifié à d’autres occasions. Alors que le gouvernement d’Édouard Philippe est formé, il rend visite à Sylvie Goulard dans son bureau au ministère des Armées. Quand il en sort, Barnier confie à ses proches : « Elle ne va pas rester. Elle est perdue dans ce bureau trop grand. Quelque chose ne va pas. » De fait, Sylvie Goulard démissionne quelques jours plus tard. Malheureusement, Michel Barnier n’a pas ce don de prémonition s’agissant de ses propres affaires politiques…


Continuer à lire sur le site d’origine