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Pour 2019, Macron veut « bâtir les nouvelles sécurités du XXIe siècle »

Debout, comme à l’offensive et pour ne pas paraître aussi statique que lors de son allocution du 10 décembre dernier  en pleine crise des « gilets jaunes » , Emmanuel Macron a formulé les traditionnels voeux aux Français durant seize minutes. Presque autant que l’an dernier.

Le chef de l’Etat a tout d’abord souligné combien 2018 « ne nous a pas épargnés en émotions intenses de toute nature », rappelant la victoire de la France au Mondial de football, mais aussi la commémoration de l’armistice de 2018.

Surtout, le président de la République a rappelé – lui qui d’habitude évoque rarement son Premier ministre – combien il avait, avec le gouvernement, mené de « transformations jusqu’ici réputées impensables », évoquant  les ordonnances travail ou encore la réforme de la SNCF, mais aussi les changements dans l’école, les universités,  le plan hôpital ou encore  la stratégie d’éradication de la grande pauvreté et la lutte contre le réchauffement climatique. Une défense du bilan.

Ne pas renoncer

« Les résultats, a-t-il une nouvelle fois reconnu, ne sont pas immédiats » et le chef de l’Etat a redit comprendre « l’impatience ». Mais alors que  sa capacité à réformer est interrogée par la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a affirmé qu’il ne faut « pas renoncer » et que le gouvernement « doit continuer » à réformer, citant  l’assurance-chômage , l’organisation du système public et  le système de retraites qu’il veut « plus juste ».

« Nous devons bâtir les nouvelles sécurités du XXIe siècle », a-t-il martelé, faisant davantage référence au « protéger » qu’au « libérer. »

Colère de 2018

Et puis, Emmanuel Macron a bien évidemment évoqué la crise des dernières semaines, parlant de la « colère » qui s’est exprimée. Mais en voulant la transformer : « la colère » de 2018, « quels que soient ses excès et ses débordements » a-t-il pointé, « a dit une chose : nous ne sommes pas résignés ! ». Retrouvant quasiment les accents de sa campagne présidentielle, il a insisté : « Nous voulons changer les choses pour vivre mieux », « pour innover sur le plan social, démocratique, environnemental ».

Mais le chef de l’Etat a aussi prévenu – un pas vers la campagne  des élections européennes – qu’il serait « dangereux d’ignorer, en raison de notre situation, le monde qui nous entoure », pointant, « partout en Europe », la montée des périls puis, pêle-mêle, les « grandes migrations qui inquiètent, instrumentalisées par les démagogues, alors même qu’il faut y répondre ensemble, la lutte contre le réchauffement climatique, plus nécessaire que jamais, la lutte contre le terrorisme islamiste » – Emmanuel Macron a alors rappelé Strasbourg, mais aussi Trèbes et Paris – et « les changements technologiques profonds ».

« Nous sommes en train de vivre plusieurs bouleversements profonds, le capitalisme ultralibéral et financier guidé par le court terme va vers sa fin, les défis sont immenses et liés avec le malaise dans le pays », a-t-il ajouté.

Lettre aux Français

Alors Emmanuel Macron, qui a assuré vouloir, depuis le premier jour de son mandat, « remettre l’homme au coeur de ce projet contemporain », a formulé trois voeux pour l’année 2019, qu’il a jugée « décisive ».

Et d’abord un « voeu de vérité » pour celui qui a estimé qu’on ne « bâtit rien sur les mensonges ou les ambiguïtés ». Emmanuel Macron a en effet jugé qu’on ne peut pas, par exemple, dire qu’on veut gagner plus en travaillant moins. « Cessons de nous dévaloriser ! » a lancé le chef de l’Etat, et en même temps, il a ajouté que « nous pouvons faire mieux, nous devons faire mieux », pour les déserts médicaux, vivre en sécurité, etc.

« Le débat national doit nous permettre de parler vrai » a-t-il souligné, évoquant  le grand débat qui doit commencer à la mi-janvier jusqu’en mars. Le président de la République a annoncé qu’il écrirait aux Français « dans quelques jours » au sujet de ce grand débat. « Ce voeu de vérité, c’est un voeu pour tous de dialogue, d’écoute », a-t-il insisté, appelant à « rebâtir une confiance démocratique. »

« L’ordre républicain s’appliquera »

Emmanuel Macron a ensuite formulé un « voeu de dignité », avançant que « chaque citoyen est nécessaire pour le projet de la nation », citant notamment les mères seules, les retraités modestes ou les agriculteurs, quand une partie du malaise des « gilets jaunes » exprimait ce sentiment d’exclusion. « Cela implique d’assurer à chacun des droits dans la société et de respecter les devoirs qui sont les siens », a ajouté Emmanuel Macron, estimant que ceci passe par « le respect », le « sens de l’effort et du travail. »

Il a indiqué qu’il aurait des « décisions à prendre car nos institutions doivent continuer à évoluer » – de quoi faire évoluer, en fonction du grand débat, la réforme des institutions – mais il a aussi défendu la démocratie représentative, « l’ordre républicain » et s’est emporté contre les « porte-voix d’une foule haineuse » qui « prennent prétexte du peuple ». Une allusion à toutes les dérives du mouvement des « gilets jaunes ». « L’ordre républicain s’appliquera », a-t-il martelé.

Une Europe qui protège

Enfin, et à quelques mois des élections européennes qu’il a clairement évoquées, Emmanuel Macron a formulé un « voeu d’espoir » « en nous-mêmes comme peuple, en notre avenir,  en notre Europe  », appelant à « retrouver la maîtrise de nos vies, de notre destin » par un « projet européen renouvelé ». « Je crois dans cette Europe qui peut mieux protéger le peuple », a-t-il assuré, parlant d’une « tache d’une ampleur inédite ».

Après François Bayrou quelques heures plus tôt qui appelait  à l’unité , le président a espéré une « unité retrouvée », s’est dit « au travail, fier de toutes les Françaises et tous les Français », loin de l’arrogance souvent pointée. « Je crois, a-t-il conclu après  cette annus horribilis , en cet espoir français et européen ». Comme pour tenter de tourner aussi vite que possible la page de 2018.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’allocution du chef de l’Etat :


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