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Résultats des élections départementales : ce qu’il faut retenir du premier tour du scrutin

C’était l’autre élection de la soirée. Le premier tour des élections départementales, lui aussi marqué par une abstention record, s’est déroulé dimanche 20 juin, dans près de 2 000 cantons (sauf à Paris, dans la métropole de Lyon et en Corse, où il n’y a pas de conseil départemental). Les électeurs et électrices qui se sont déplacés votaient pour un binôme, composé d’un homme et d’une femme. Franceinfo vous résume les principaux faits à retenir de ce scrutin.

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Une abstention record

Comme pour le premier tour des régionales, les électeurs se sont peu rendus dans les urnes. Le scrutin a été boudé par 66,5% d’entre eux, d’après les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur. Sur fond de crise sanitaire, ce chiffre d’abstention constitue un record dans l’histoire de la Ve République, loin devant le précédent établi lors des élections européennes de 2009 (59,4%).

Cette abstention massive signifie qu’il y aura un second tour le 27 juin dans la plupart des cas. Pour être élu dès le premier tour, un binôme doit en effet obtenir plus de 50% des suffrages exprimés et au moins un quart des inscrits. Pour participer au second tour, un binôme doit avoir obtenu 12,5% des électeurs inscrits. Au second tour, seule la majorité relative suffit pour gagner.

Une prime aux sortants

La faible participation a favorisé les élus déjà en place. La droite mène donc la course en Ile-de-France, sauf en Seine-Saint-Denis où la gauche domine largement ses adversaires (36,23%, devant LR à 11,57%). 

La droite est également bien placée pour conserver les cinq départements qu’elle présidait dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où elle pourrait même faire le grand chelem dimanche prochain en remportant les Alpes-de-Haute-Provence. A noter, dans les Alpes-Maritimes, deux poids lourds Républicains avec leurs binômes respectifs sont déjà réélus : le maire de Cannes, David Lisnard (78%), et le député Eric Ciotti (63,28%). 

De son côté, la gauche qui se présentait unie dans les Bouches-du-Rhône (PS, PCF, EELV et Generation.s), sans les Insoumis présents dans 11 cantons, devrait conserver les 1er, 3e, 4e, 5e cantons de Marseille, Istres, Martigues et conquérir le 11e canton de la cité phocéenne. 

La plupart des 13 départements d’Occitanie devraient également se maintenir à gauche, sauf l’Aveyron, qui reste une terre de droite historique (11 cantons sur 23 ont été gagnés par la droite dès le premier tour). 

Par ailleurs, la droite sort également largement en position de force dans les six départements du Centre-Val de Loire. A noter néanmoins, le faible score du n°2 des Républicains, Guillaume Peltier, dans le canton de Chambord (Loir-et-Cher), où il recueille 33,67%. Avec le centre, la droite conforte également sa domination dans les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes. La gauche devrait toutefois garder l’Ardèche et le Puy-de-Dôme.

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Quatre des cinq départements des Pays de la Loire conservent aussi leur ancrage à droite à l’issue du premier tour. Par ailleurs, les neuf départements du Grand Est devraient tous rester du même bord : huit sont fermement ancrés à droite et la Meurthe-et-Moselle demeure la seule exception, avec la gauche en bonne position (41,48%).

La prime aux sortants a aussi fonctionné en Bourgogne-Franche-Comté où la droite, qui détient six des huit départements de la région, est en bonne position.

Les personnalités en tête dans leurs cantons

Les membres du gouvernement qui participaient aux départementales s’en sont mieux sortis que leurs collègues participant aux régionales. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en binôme avec Doriane Bécue, est ainsi arrivé en tête dans son canton de Tourcoing 2 (Nord) avec 54,11% des voix. A noter également, le bon score du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu (58,74%) dans son canton de Vernon (Eure). Après sa victoire aux législatives partielles, la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, arrive aussi en tête dans son canton de Desvres (Pas-de-Calais), avec 33,14% des voix.

Les personnalités de l’opposition n’ont pas à rougir. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, et son binôme Steeve Briois, sont largement arrivés en tête dans le canton d’Hénin-Beaumont, avec 61,09% des voix, devant la liste divers gauche (29,96%). L’ancien porte-parole de Génération identitaire et candidat RN, Damien Rieu, figure de l’extrême droite, fait lui course en tête à Péronne (31,5%), dans la Somme.

Dans le canton de Brive 2 (Corrèze), le binôme de Claude Chirac, la fille de l’ancien président, rate de peu l’élection dès le premier tour malgré une majorité des suffrages (58,42%). L’abstention l’empêche de passer la barre des 25% d’inscrits. Après plusieurs échecs électoraux, l’ancien directeur de campagne de François Fillon en 2017, Patrick Stefanini, et sa binôme Josette Jean arrivent en tête à Bonnières-sur-Seine (Yvelines), avec 37,95% des voix (devant le RN à 25,68%). Enfin, le maire de gauche de Marseille (Bouches-du-Rhône), Benoît Payan, loupe de peu la majorité (49,8%) des voix dans son canton où il devance largement le RN (18,83%), arrivé en deuxième position.

Le Rassemblement national recule dans plusieurs départements, mais espère des conquêtes

Dans le Vaucluse, le RN, qui était arrivé en tête au premier tour des départementales de 2015 avec 37,4% des suffrages, perd du terrain à 32,7% des voix. Il est néanmoins assuré de conserver son canton du Pontet, où sa liste est arrivée en tête avec 59,83% contre la gauche. A Graulhet (Tarn), un des plus grands espoirs de l’extrême droite, le RN n’arrive qu’en deuxième position (35,36%) derrière la majorité départementale de gauche (48,79%).

Dans le Nord, le RN est en recul : avec 23,1% des voix, il n’arrive en tête que dans quatre cantons, contre 19 en 2015. Il recule également dans le Pas-de-Calais (29,2%), six points en dessous par rapport à son score de 2015. Idem dans l’Aisne, où le RN, qui avait ravi un canton dès le premier tour en 2015 puis trois au deuxième tour, reflue, en tête dans seulement trois cantons sur 21. Avec environ 23% des voix dans la Somme, le RN est là aussi en recul par rapport à 2015 (34,2%).

Le parti espère en revanche conquérir les Pyrénées-Orientales et le Gard. Le RN a ainsi totalisé 31,5% des suffrages dans le Gard, devant les binômes d’union à gauche avec les écologistes (28,91%). Dans les Pyrénées-Orientales, le RN est en ballottage dans 13 des 17 cantons (16 sur 17 en 2015).

Dans les Alpes-Maritimes, le RN, sans élu sortant, pourrait même faire son entrée au conseil départemental s’il confirme son avance dans les deux cantons de Cagnes-sur-Mer 1 et Menton. Les 7e et 8e cantons de Marseille (Bouches-du-Rhône) pourraient également basculer de la droite vers le RN. Dans la soirée, Martine Vassal, la présidente LR du conseil départemental, a d’ailleurs appelé les électeurs à « une large mobilisation » contre le RN, présenté comme son « seul adversaire ».

La droite et la gauche au coude-à-coude dans plusieurs départements

La Loire-Atlantique et ses 31 cantons ne sont pas assurés de rester à gauche. Les résultats sont très serrés : 20,87% des voix pour les candidats divers gauche et 20,65% pour les divers droite. Le département est actuellement le seul des Pays de la Loire à être dirigé par la gauche, mais cette majorité avait été acquise de justesse en 2015 avec 16 cantons à gauche contre 15 à droite. 

En Charente aussi, le match s’annonce serré entre droite et gauche. En 2015, la droite avait ravi le département au PS avec un seul canton d’avance. Mais cette année, la gauche a réussi à former une alliance à peu près homogène PS/PC/EELV. Jérôme Sourisseau, président sortant centriste du département, est en ballottage très favorable dans le canton de Jarnac.

La gauche pourrait aussi reconquérir les Côtes-d’Armor, perdues en 2015. Plusieurs cantons de ce département présidé par Romain Boutron (LR) seront particulièrement scrutés, droite et gauche étant au coude-à-coude. 

Le suspense demeure également entier en Seine-Maritime, que la gauche espère ravir au LREM Bertrand Bellanger et à sa courte majorité. La gauche y totalise plus de 43% des voix, la droite près de 28% et le Rassemblement national 21%. Le département avait basculé à droite en 2015 après onze ans à gauche. Le RN y était à plus de 26% au premier tour de 2015. « Le jeu est très ouvert », a déclaré le président du groupe PS au département, Nicolas Rouly, au quotidien régional Paris-Normandie.


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