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TÉMOIGNAGES. « Le gouvernement est malhonnête ! » : en Angleterre, la colère des soignants face au ministère de la Santé

Situation tendue entre le gouvernement britannique et les personnels soignants qui sont en grève. Ils réclament des augmentations importantes de salaires, mais les négociations n’avancent pas.

 » Vous mettez la vie des gens en danger ». Le gouvernement britannique pointe du doigt la mobilisation des soignants. Les infirmières, en grève mardi, sont relayées ce mercredi 21 décembre par les ambulanciers. Leurs revendications sont claires : une importante augmentation des salaires. Sauf que les négociations patinent et depuis plusieurs jours, le gouvernement accuse les grévistes de jouer avec la santé des gens.

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La tribune signée ce mercredi par le ministre de la Santé, Steve Barclay, dans le très droitier Daily Telegraph risque d’amplifier ces tensions.  » Les syndicats d’ambulanciers ont délibérément choisi de faire du mal aux patients« , assure-t-il. Il appelle d’ailleurs la population à ne pas faire de sport ce mercredi 21 décembre, mais aussi d’éviter de prendre sa voiture et de ne pas boire trop d’alcool. D’étonnantes consignes que Steve Barclay justifie sur GB News. « Nous disons juste aux gens d’être prudents aujourd’hui. Les services d’urgence seront sous une énorme pression. Il y a beaucoup d’incertitude parce que les syndicats n’ont pas voulu fixer un service minimum sur les appels au secours. Le système est sous tension. Nous demandons aux gens d’en être conscients« , explique le ministre. 

De leurs côté, les services d’urgence avaient déjà prévenus : ils seront très perturbés et ne prendront pas tous les mêmes appels. Quand des régions affirment qu’elles répondront aux plus urgents, d’autres laissent planer le doute. Et des responsables syndicaux se trouveront dans quelques centres pour dire s’il faut envoyer une ambulance, au cas par cas. Des militaires ont également été mobilisés et conduiront des ambulances pour remplacer des grévistes.

La grande peur, évidemment, c’est un drame que l’on pourrait imputer à un retard ou une absence d’intervention. Les ministres accusent les grévistes de prendre ce risque en conscience. Ces derniers retournent l’accusation, expliquant que le gouvernement, faute de négociation, a créé cette situation.

A Londres, Barry regarde passer une ambulance jaune et verte, comme celle qu’il conduit tous les jours. Mais pas aujourd’hui, il est gréviste. Et quand il entend des élus conservateurs dire qu’il met en danger des malades, ça l’énerve. « Là, le gouvernement est malhonnête. Comme ils le sont depuis 10 ans. S’il n’y a pas d’infirmière, pas d’ambulancier, pas de médecin. Si aucun d’entre nous ne travaille, il n’y a plus de système de santé et qui va souffrir ? Le peuple britannique », dénonce l’ambulancier .

Un passant s’est arrêté pour l’écouter et opine du chef pendant que l’ambulancier parle. Il fait partie des plus de 60% de britanniques qui soutiennent les grèves du secteur de la santé, selon un sondage paru mardi. Et qui ne croient pas les ministres. « Menteurs ! Ce sont des menteurs ! Ce sont eux qui nous tuent. Je suis un usager de la santé publique, j’en ai besoin et je ne veux pas d’une privatisation de ces services », lâche ce britannique.

Sandra elle a repris le travail. Cette infirmière était en grève. Elle réclame une augmentation de salaire de 19% et elle affirme que c’est possible, contrairement au ministre de la santé. « C’est un choix politique. Il n’est pas question d’avoir les moyens ou pas. Il faut choisir où l’on investit. L’argent, ils le trouvent pour les banques ! Ils le trouvent pour leurs amis ! ». 


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