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Vosges : ce que l’on sait du suicide de Lucas, adolescent dont les parents dénoncent le harcèlement scolaire en raison de son homosexualité

Une enquête préliminaire pour harcèlement sur mineur de moins de 15 ans a été ouverte après le suicide, le 7 janvier, de Lucas, un adolescent de 13 ans à Golbey, dans les Vosges.

Selon le parquet, il avait écrit dans son journal intime « un mot expliquant sa volonté de mettre fin à ses jours ». Lucas, un adolescent de 13 ans, s’est suicidé par pendaison, le 7 janvier, à Golbey (Vosges). Ses proches, dont ses parents, affirment qu’il était harcelé en raison de son homosexualité. L’enquête préliminaire ouverte mercredi s’attachera « à vérifier le lien de causalité direct entre ces faits et le suicide de l’adolescent », a déclaré, vendredi, Frédéric Nahon, le procureur de la République d’Epinal. Franceinfo revient sur les circonstances qui entourent sa décision, alors que ses obsèques sont organisées samedi 14 janvier à 17 heures.

« Des moqueries et des insultes à caractère homophobe »

« 7 janvier 2023 ma vie s’est arrêtée », a écrit Séverine, la mère de Lucas, sur son compte Facebook. Une phrase accompagnée de larmes et de cœurs brisés. « La famille est évidemment effondrée. La maman est en colère mais a trop de chagrin pour pouvoir s’exprimer pour l’instant. La famille fait un lien avec le harcèlement et attend beaucoup de cette enquête », a déclaré devant les médias, vendredi, son avocate, Catherine Faivre, rapporte le Parisien (article pour les abonnés). L’homosexualité de Lucas était « assumée et connue des proches de l’adolescent », a-t-elle précisé. La mère sera entendue lundi par le procureur, accompagnée de son avocate.

Dans leurs premières auditions, les proches de Lucas ont révélé « qu’il existait des moqueries et des insultes à caractère homophobe », dont il était victime de la part d’autres élèves de son collège, a détaillé le procureur dans sa conférence de presse. « Cette enquête a pour objectif de confirmer la réalité des faits de harcèlement, le contenu exact des propos, d’en déterminer la durée et de vérifier les mesures prises », a poursuivi Frédéric Nahon.

L'entrée du collège Louis-Armand à Golbey (Vosges), où était scolarisé Lucas, l'adolescent de 13 ans qui s'est suicidé le 7 janvier 2023. (FREDERICK FLORIN / AFP)

L'entrée du collège Louis-Armand à Golbey (Vosges), où était scolarisé Lucas, l'adolescent de 13 ans qui s'est suicidé le 7 janvier 2023. (FREDERICK FLORIN / AFP)

« Ce qui sera déterminant, ce sera la date des moqueries évoquées et leur période. Les seuls harcèlements dont nous disposons, ce sont ceux réalisés au sein du collège », a-t-il précisé, selon France 3 Grand Est.

« Quand il passait, on l’insultait, quand on le voyait, on le regardait mal. C’était souvent comme ça. J’essayais de le défendre, mais ça ne marchait pas vraiment », a raconté à France Télévisions une élève. « Je l’ai vu pour la dernière fois ici au collège, le vendredi avant sa mort, il avait le sourire, on n’a pas vu qu’il n’allait pas bien. On pensait que ça allait mieux », témoigne de son côté Alice, une des camarades de Lucas, dans Le Parisien.

Une situation prise « au sérieux par les équipes du collège »

La famille avait signalé la situation à l’Education nationale en septembre, a révélé le procureur de la République. Les « moqueries » rapportées avaient été « immédiatement prises au sérieux par les équipes du collège », « qui ont fait preuve d’une grande vigilance au quotidien », assure le rectorat dans un communiqué. Aucune plainte n’avait été déposée.

« Les quatre élèves qui avaient été cités par Lucas et sa maman avaient été reçus par la CPE [conseillère principale d’éducation], pour un rappel à l’ordre très ferme », a rapporte Valérie Dautresme, directrice des services départementaux de l’Education nationale dans les Vosges, interrogée par France Télévisions. Selon elle, la situation s’était ensuite améliorée. L’établissement, qui compte 697 élèves, est engagé dans le dispositif pHARe, destiné à prévenir et lutter contre le harcèlement scolaire dans les écoles et les collèges.

« Ce qui me pose problème, c’est qu’on nous montre du doigt indirectement. Seule l’enquête permettra d’en savoir plus », confie au Parisien un professeur du collège. « Il y a vraiment beaucoup d’émotion chez les adultes qui n’ont rien vu, qui n’ont pas vu Lucas aller mal ces derniers temps« , insiste Valérie Dautresme, directrice académique des services de l’Éducation nationale dans les Vosges, auprès de France Bleu.

Des obsèques avec les couleurs du drapeau LGBT

Les obsèques de l’adolescent sont organisées samedi à 17 heures, à Epinal, dans la plus stricte intimité. « La cérémonie est ouverte à la famille, aux amis de Lucas, et aux amis de la famille. Les fleurs sont acceptées mais en petite quantité aucun grand bouquet », a écrit, le 10 janvier, la mère de Lucas sur Facebook.

Les couleurs du drapeau LGBT seront présentes lors de la cérémonie, afin de « poursuivre le combat de l’adolescent pour sa liberté de vivre et la liberté de chacun », a expliqué Catherine Faivre à LibérationUne marche blanche sera organisée « dans les prochaines semaines », ajoute l’avocate.

Par ailleurs, une cagnotte en ligne a été lancée pour « accompagner la famille de Lucas » et l’aider à payer ses obsèques. « Lucas, 13 ans, victime de harcèlement scolaire et d’homophobie, a fini par craquer ce 7 janvier 2023. Il ne parvenait plus à supporter les médisances, l’injustice, la méchanceté et l’inaction de certains adultes auprès desquels il s’était confié » est-il écrit.


Si vous avez besoin d’aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d’un membre de votre entourage, il existe des services d’écoute anonymes. La ligne  Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D’autres informations sont également disponibles  sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé .

Il existe plusieurs services d’écoute, accessibles gratuitement : le 30 20 (du lundi au vendredi, sauf jours fériés, de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h), mis à la disposition des élèves, des familles et des professionnels pour signaler les situations de harcèlement entre élèves ; le numéro vert “net écoute” 30 18 (du lundi au samedi de 9h à 20h) ou la ligne  https://www.netecoute.fr/  pour les jeunes victimes de violences numériques.

D’autres informations sont également disponibles sur le site du ministère de l’Education nationale.


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