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« Le taux d’imposition réel des ultra-riches en France est seulement de 2 % », dénonce le professeur d’économie Gabriel Zucman

Le Français Gabriel Zucman est pour la première fois au Forum économique mondial de Davos. Ce professeur à l’École d’économie de Paris et à l’université de Berkeley en Californie a participé à une table ronde sur la fiscalité internationale et les inégalités, deux thématiques oubliées du Forum économique.

L’ONG Oxfam a profité cette semaine de la caisse de résonnance qu’offre le Forum économique mondial de Davos pour publier un appel de 200 millionnaires à être taxés davantage. C’est un enjeu crucial selon le professeur français d’économie Gabriel Zucman. « Il y a un vrai problème de justice fiscale, en France comme aux Etats-Unis, et dans beaucoup de pays, dit-il.

Les ultra-riches, les milliardaires, ont en moyenne des taux d’imposition qui sont souvent bien plus faibles que les classes moyennes. »

Gabriel Zucman

à franceinfo

La France a encore du chemin à faire explique le professeur à l’École d’économie de Paris et à l’université de Berkeley. « C’est particulièrement extrême en France, où si on regarde les 370 ménages avec les revenus les plus élevés, leur taux effectif d’imposition sur leurs revenus, quand on prend en compte tous leurs revenus économiques, est de l’ordre de 2 % ! » 

La fin de l’impôt sur la fortune (ISF) n’a rien arrangé rappelle Gabriel Zucman. « Ces ultra-riches ne payent quasiment aucun impôt sur la fortune. L’ISF a été aboli par Emmanuel Macron et remplacé par l’impôt sur la fortune immobilière. Mais la plus grande partie du patrimoine des ultra-riches est du patrimoine financier : des titres, des actions ou encore des obligations. In fine, le seul impôt qu’ils payent c’est l’impôt sur les sociétés via les sociétés dont ils sont actionnaires. »

Le directeur de l’observatoire européen de la fiscalité salue les progrès effectués avec la mise en place d’une taxation minimum de 15 % sur les entreprises, une décision prise sous la houlette de l’OCDE. Mais « 15 %, c’est bien trop faible, soutient Gabriel Zucman. Quand dans le même temps en France, les classes populaires, les classes moyennes payent 50 % de leurs revenus en impôts. C’est très difficile de dire, dans ce contexte, pour les multinationales, les acteurs économiques les plus puissants, ceux qui ont le plus bénéficié de la mondialisation, 15 %, c’est assez ! C’est incompréhensible. »

Par ailleurs, Gabriel Zucman se prononce contre la réforme actuelle des retraites en France. « Il y avait d’autres façons de faire comme en faisant participer les retraités ou augmenter les cotisations sociales », argumente le professeur d’économie. « Augmenter l’âge de départ à la retraite, c’est une mesure qui, par définition, compte tenu de la façon dont fonctionne le système des retraites en France, ne peut concerner que les travailleurs à bas revenus, donc ceux qui ont commencé à travailler jeune. »


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