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Fally Ipupa, Formule rumba

Septième album de Fally Ipupa, Formule 7 est dédié aux amoureux de la rumba. Fally Ipupa propose un album de 31 titres qui s’écoute comme une longue histoire d’amour racontée à l’oreille, avec toujours cette vision de l’artiste congolais : une rumba ancrée dans ses classiques et tournée vers l’international. Actuellement en tournée africaine, et en concert à Lomé avant de s’envoler pour Yaoundé, puis Abidjan, celui qui est surnommé « l’Aigle » a répondu à nos questions.

RFI Musique : ce nouvel album, Formule 7, est un retour revendiqué à la rumba. Quels en sont les ingrédients ?
Fally Ipupa :
Avec Formule 7, je reviens à la source, à la structure de base de la rumba, tout en amenant ma touche personnelle avec des accords et des arrangements. Les ingrédients phares de la rumba façon Fally Ipupa sont : une belle guitare avec beaucoup de mélodies mélancoliques et de belles paroles d’amour. Il s’agit aussi de bien chanter (rires) !
Des morceaux comme Garde du cœur, c’est vraiment de la rumba pure. Une rumba chantée, une rumba facile à comprendre et à chanter pour tout le monde. Avec des morceaux comme Mal accompagné, vous allez comprendre ce qu’est une rumba très ouverte. Avec Afsana aussi, qui est un mélange de rumba et de kompa haïtien. Ce morceau, je l’ai créé avec le beat qu’un producteur congolais qui vit en Russie m’a envoyé. J’ai proposé de garder le son pour créer le mixage rumba-kompa, et j’ai posé [ma voix] dessus.

D’ailleurs, en 1998, vous taguiez sur un mur « Fally Ipupa champion d’Afrique et des Caraïbes ». Quel imaginaire musical des Caraïbes aviez-vous depuis Bandal où vous avez grandi, puis de Kinshasa ?
Nous avons été bercés par les musiques des Caraïbes, les Kassav’, les Zouk Machine, les Princess Lover, Krys… Il y a une forte influence. Je pense que la première fois que j’ai vu Kassav’ en concert au Congo, j’avais deux ans ou quelque chose comme ça. C’était comme si, aujourd’hui, Beyoncé ou une autre star américaine débarquait en Afrique. J’ai joué plus tard avec beaucoup d’artistes caribéens que ce soit Kassav’, Princess Lover, Fanny J, Krys. J’ai invité Sly sur un de mes clips, ou encore Leïla Chicot. C’est le groupe Kassav’ qui a ouvert les portes de la musique caribéenne en Afrique.

La rumba a fait son entrée au patrimoine de l’UNESCO en décembre 2021. C’est une musique qui a toujours voyagé entre les continents. Est-ce aussi la manière dont vous l’appréhendez dans vos créations ?
La rumba restera toujours une musique africaine. Entre 1960 et 1965, tous les pays ont chanté de la rumba congolaise, avec Indépendance Chacha. Même si parfois on s’exporte, on s’ouvre, que chacun de nous propose sa rumba, les bases resteront toujours les mêmes : la guitare congolaise, le chant en lingala et de belles paroles

Pourquoi faire cet album maintenant ?
Parce que je prends toujours du temps pour sortir un album de rumba. Le premier était en 2006, le second en 2009, le troisième en 2013, le quatrième en 2018, et là, c’est le cinquième. Les albums rumba prennent beaucoup de temps pour les réaliser. Ce sont des chansons, pas des sons. De longues chansons avec beaucoup de paroles et de métaphores qu’il faut prendre le temps d’écrire et d’arranger. Je l’ai enregistré entre Kinshasa et Paris.

Vous dites que c’est votre meilleur album, pourquoi ?
C’est mon meilleur album en termes d’arrangements, de maturité, d’écritures. C’est un album que j’ai enregistré sans pression. J’avais déjà Control en cours, et la réédition de Tokoss. J’ai composé celui-ci avec mes musiciens, mes guitaristes, mon claviériste. En termes d’écriture, je parle d’amour. L’amour, c’est la base ! Il faut apprendre aux gens comment aimer et être aimé. J’ai voulu décortiquer l’amour dans toutes ses facettes. C’est ça, cet album !

Où créez-vous principalement ?
L’endroit privilégié pour écrire pour moi, c’est d’abord le studio, et ensuite l’avion. J’écris et compose très tôt le matin en général, quand je me réveille, vers six heures, avant que les problèmes de la vie ne nous tombent dessus. La nuit aussi je peux avoir des inspirations, alors j’enregistre avec mon téléphone.

Quelle est la place de la musique dans votre quotidien ?
J’écoute beaucoup la musique pop, beaucoup la musique américaine, avec des artistes comme Charlie Winston, des guitaristes aussi comme George Benson et beaucoup de musiques africaines ; de musiques mandingues maliennes, des sons sénégalais et de la musique congolaise. Je suis un cocktail de musique !

Vous venez, le 16 novembre dernier, d’être intronisé « Prince de la culture ekonda et anamongo », comment accueillez-vous cette distinction ?
C’est la reconnaissance de mon peuple. De mon pays. De ma tribu. De ma communauté. Je pense qu’ils ont compris que je suis quelqu’un qui fait honneur à notre culture. Ils ont voulu m’honorer de mon vivant, alors que souvent on honore les gens de manière posthume. C’est une distinction pour m’encourager. Et moi, je le dis toujours : je suis africain, congolais, ekonda, mougala, anamongo, et fier de l’être.

Quelle place à cette culture dans vos créations ?
Elle est présente dans plusieurs chansons comme Eloko Oyo, ou Nzoto. Pour cette chanson, d’ailleurs, j’ai travaillé avec des danseurs ekonda. J’avais aussi en 2006 sorti la chanson Bakandja. Ça, ce sont des sons de chez nous !

Ce qu’on retrouve aussi beaucoup dans cet album, ce sont les libanga, les dédicaces…
Libanga, c’est une culture de chez nous ; vous citez les noms de personnes par reconnaissance, par amitié, et aussi parfois moyennant quelque chose. C’est indispensable. Tu ne peux pas sortir un album de rumba sans dédicaces aujourd’hui !

Chaque mois de décembre depuis quelques années, vous êtes en tournée africaine.  Qu’est-ce qui est important dans ce moment ?
C’est le moment où j’ai l’occasion d’aller vers mon public, mes fans. C’est en décembre où même les gens qui sont en Europe viennent en Afrique. C’est une période de fête, comme ça l’est, en été, en Europe.

Fally Ipupa Formule 7 (Elektra) 2022
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